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L’image de la forêt est souvent ambiguë : berceau de l’humanité ou milieu hostile à l’homme, enfer vert ou paradis perdu, domaine des esprits et des divinités ou royaume des démons, milieu nourricier ou espace à défricher…
L’arbre, végétal mémorial par sa longévité, matérialise le temps. Dans ses feuilles se lisent les saisons et dans les anneaux concentriques de son tronc, son âge. Son fonctionnement cyclique nous interroge sur notre capacité à nous régénérer.
Avec ses racines plongées dans le sol et sa cime tendue vers le haut, lien entre la terre et le ciel, l’arbre a acquis une identité sacrée dans la plupart des cultures (l’Arbre de la Connaissance de l’Eden, l’arbre cosmique Yggdrasil, le chêne Dodone, l’Arbre de Jessé, l’arbre de l’Éveil…).
Arbre de la vie, arbre du savoir, arbre généalogique, arbre cosmique : il symbolise la vie d’avant les hommes en nous questionnant sur nos origines, sur notre identité et sur notre devenir face aux phénomènes qui touchent et bouleversent la nature (Friedman).
L’attirance pour la forêt transcende lieux et temps : temple sacré, espace sauvage, lieu de la fusion romantique homme-nature, arbres aux mille facettes décoratives. Ses motifs serpentins à l’allure d’infinis labyrinthes, le foisonnement de ses feuillages et le fourmillement des branches ont inspiré la décoration qui accompagnait les arts. L’architecture, les fresques et le mobilier se parent d’ornements végétaux qui incitent les artistes, par le biais de la stylisation, à dépasser la figuration et ouvrir ainsi le passage vers l’abstraction (Arnaud Claas, Lee Friedlander et Pascal Duthoit).
L’arbre-forêt, expression singulière du vivant et de la pluralité de ses possibles développements, est une géographie de signes à décrypter (Werner Hannapel). Créateur de phantasmes (Jean-Luc Tartarin) dans les esprits curieux des artistes, ce lieu de « perdition » incite à découvrir l’ordre dans le chaos végétal (Richard Mirsrach), un chemin possible à parcourir, une traversée initiatique.
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