2 ou 3 choses que j’ignore d’elles |
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« On ne naît pas femme, on le devient » Simone de Beauvoir, 1946 « L’éternel féminin » est une expression vague et éculée, utilisée par commodité pour tenter de définir… quoi, qui justement ? Suffisamment large pour inclure, dans le désordre, les prédispositions et qualités qui seraient inhérentes à la gent féminine, cette notion floue recouvre des stéréotypes et autres constructions culturelles qui contribuent dès la plus « tendre enfance » à façonner les identités et les rôles. Quelques années de revendications féministes ne sont guère parvenues à changer cet état d’esprits et ont juste écorné quelques certitudes bien-pensantes. La notion de genre, qui distingue l’identité biologique (mâle ou femelle) de l’identité sociale (traits de personnalité féminins /masculins) commence peu à peu à se substituer à la définition courante de différence de sexe. En anglais le « genre » désigne le vécu social et renvoie à l’ensemble des règles – qui régissent les relations hommes/femmes et qui contribuent à l’attribution de rôles, de valeurs, de responsabilité et d’obligations distinctes dans la vie publique et privée. Et on se prend à souhaiter jeter un trouble dans le genre1, à envisager les chemins de traverse d’une indétermination. Les gestes provocateurs (Natalia LL, Ewa Partum, Cristina Lucas) ou attitudes ambiguës (Jo Spence) mettent à mal l’« éternel féminin » (Ingrid Wildi) et amorcent la déconstruction d’une identité fondée sur les apparences et l’appartenance sexuelle. « Le privé est politique » clamaient les féministes américaines dans les années 60 (Martha Rosler). L’énoncer est plus que jamais d’actualité ! 1 Judith Butler, Trouble dans le genre, Pour un féminisme de la subversion, 1990 (première édition traduite en français |