Ingrid Wildi
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Née en 1963 à Santiago du Chili (CL)
Vit et travaille à Genève (CH) |
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Otra Mirada a lo Insignificante
1982-2014
25 photographies encadrées, textes 50 x 40 cm chaque photographie. 40 x 30 cm chaque texte Acquisition: 2014 |
Que se passe-t-il quand un immigré désire suivre des études artistiques ? Quel est le parcours professionnel d’une immigrée qui doit apprendre le dialecte suisse pour communiquer et la langue allemande pour écrire ? Comment les lieux de travail et les offres d’emploi évoluent-ils de pair avec l’apprentissage et la connaissance de la langue ? Comment l’ « Architecture des opportunités » se modifie-t-elle avec la maîtrise de la langue ? L’Architecture et la langue comme Architecture. Ce travail autobiographique comprend 25 photographies et 25 textes datés de 1982 à 2014. Les photographies présentent les façades des différents lieux où j’ai travaillé depuis que j’ai émigré en Suisse avec ma famille. Les textes décrivent les différents emplois que j’ai exercés dans ces lieux et montrent l’évolution conjointe de ma maîtrise de la langue et de l’architecture qui m’entoure. Lorsque nous sommes arrivés de Santiago du Chili dans le canton d’Argovie en Suisse allemande, j’étais majeure. Dans mon pays, j’avais pour projet de suivre des études d’arts visuels à l’Université du Chili mais la dictature et les problèmes économiques dont nous souffrions ont obligé ma famille à partir. J’ai donc dû abandonner mes projets : en Suisse nous avons accepté toutes sortes d’emplois et l’espagnol est devenu un simple outil symbolique. Au début, j’ai travaillé à des postes non qualifiés où il n’était pas nécessaire de parler. Dès que j’ai eu un peu plus d’argent, j’ai pris des cours d’allemand. Beaucoup plus tard, lorsque j’ai maîtrisé cette langue, j’ai pu occuper des emplois où cette connaissance était nécessaire et j’ai ainsi pu financer mes études d’arts visuels à Zurich et un master à Genève. J’ai commencé à concevoir cette œuvre autobiographique sous la forme d’une analyse visuelle, sociale et esthétique sur l’Architecture et l’apprentissage de la langue allemande. Dans cette optique, j’ai documenté l’évolution professionnelle et la transformation de l’environnement architectural au fur et à mesure que nous devenons maîtres du choix de nos emplois et de nos études. Ce travail photographique montre que l’architecture n’est pas neutre mais qu’elle reflète la structure sociale, professionnelle et politique. Les façades des lieux où j’ai travaillé donnent un visage à la structure sociale, à une gamme de secteurs d’emploi qui devient visible quand on observe et parcourt ces façades, et au rôle de l’apprentissage de la langue. Ingrid Wildi Merino |
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