Karin Sander
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Née en 1957 à Bensberg (DE)
Vit et travaille à Stuttgart (DE) |
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Wandstück
1994
Pièce murale Mur peint poncé 50 x 70 cm Acquisition: 1994 |
Cette pièce murale est un objet d’art au mode d’existence singulier. Sur un mur enduit de plâtre et peint en blanc est déterminé un quadrangle ; la portion ainsi délimitée est ensuite soigneusement poncée au papier de verre de manière à offrir au regard une impeccable surface, dénuée de toute aspérité, sans grain, et apte à dispenser des reflets qui viennent contraster avec le mat du revêtement mural alentour. À définition matérielle de l’œuvre aussi restreinte ne peut assurément que correspondre une présence visuelle dépourvue de toute emphase. De fait, une telle pièce est si discrète qu’il est permis d’imaginer qu’un spectateur pressé ne remarque pas même cette zone de quadrangulaire brillance, se demandant où peut donc bien se trouver l’œuvre d’art attendue. En d’autres termes, l’œuvre d’art, à la limite, matérielle ou statuaire, de la non-existence, voit sa perception soumise à une condition : l’attention du spectateur. À la condition de participation du spectateur, s’en articule une seconde, relative à la lumière. La seule disponibilité du spectateur ne suffit toutefois pas à faire fonctionner pleinement pareille pièce. Il faut, en outre, que l’éclairage soit propice à l’exaltation des aptitudes réfléchissantes de la surface polie et que le spectateur sache se placer par rapport à la source lumineuse. Avec la double mise en jeu du spectateur et de la lumière, ce sont, en fait, les deux conditions a priori de l’existence d’un art visuel qui se trouvent exhaussées. Mais pourquoi donc dispenser ainsi des reflets ? Pour contextualiser l’objet d’art. Soit, mais pourquoi dispenser des reflets si précaires ? Pour préserver une certaine dose d’intransitivité, pour que le spectateur retienne la réflexion plus que l’objet reflété, pour que le «tableau» parvienne à demeurer une surface sensible à son contexte plutôt qu’à s’affirmer comme un simple support d’images de ce contexte. À hauteur figurale, les reflets dispensés sont, de la sorte, plutôt déceptifs, en revanche, ils sont suffisants, par les conditions d’éclairage, de degré d’attention du spectateur et de placement de celui-ci qu’ils requièrent, pour opportunément inviter ce dernier à ne pas oublier que l’œuvre d’art ne saurait être considérée comme autonome, indépendante du contexte de sa présentation. Michel Gauthier |
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