Alice Aycock
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Née en 1946 à Harrisburg, Pennsylvanie (US). Vit et travaille à Harrisburg (US).
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Clay #2
1971
Boîtes en bois, argile 121 x 121 x 15cm Acquisition: 2012 |
Alice Aycock visite en 1969 l’un des parcs nationaux les plus mythiques de l’Ouest américain: la Vallée de la Mort. Connue pour ses records de chaleur et son absence de précipitation, cette zone hyperaride garde notamment les traces cristallisées d’un lac évaporé il y a plusieurs milliers d’années. Réalisée pour la première fois en 1971 lors d’une exposition exclusivement féminine 1, Clay (« Argile ») s’affranchit du fini lustré du minimalisme comme d’un intellectualisme conceptuel alors à la mode. Véritable chantier, l’installation consiste en un coffrage de bois dans lequel l’artiste a coulé un mélange de poudre d’argile et d’eau. Une boue offerte à des processus d’évaporation et de craquèlement. Matériau de modelage ancestral, la terre fournit à la fin des années 1960 le médium d’une sculpture antiforme et d’une performance rituelle. En plein réveil écologiste 2, elle devient aussi le révélateur d’une condition plus géologique et industrielle. Deux mentors pessimistes aiguillent alors Aycock vers cette reconnaissance des gravats plutôt que d’une mythologie de la Terre nourricière. L’un, son professeur Robert Morris, baptise en 1968 un tas d’ordures Earthwork. L’autre, Robert Smithson, marqué par le roman de science-fiction apocalyptique de Brian Aldiss Earthwork (Terrassement, 1965), organise sous le même titre une exposition d’interventions in situ (1969)3. Adhérant à cette pratique élargie de la sculpture, Aycock bâtit dédales, pièges et galeries souterraines, entre paysage et architecture. Inspirée par la cybernétique et la théorie des systèmes, elle rédige sa thèse sur le réseau autoroutier, tout aussi organique selon elle que la circulation sanguine ou les connexions cérébrales. Deux réseaux paradoxaux s’imbriquent ainsi dans Clay : la grille orthogonale du coffrage et les fissures aléatoires de la boue, participant respectivement d’une raison organisatrice et d’un éclatement incontrôlable. Contrairement à la fatalité habituellement rattachée aux images de sécheresse, Clay traduirait donc une catastrophe programmée. Gigantesque séchoir, le dispositif tenterait une désertification de laboratoire. Aycock rationne l’eau et la terre, des éléments reconnus depuis peu comme des ressources limitées. Après avoir photographié à intervalles réguliers la formation et la dissipation des nuages ( Cloud Piece, 1971), l’artiste tentera d’attirer la pluie par une étendue d’asphalte ( Asphalt flat/Cloud Formation Project, 1972), admettant « avoir toujours eu ce fantasme mégalomaniaque de pouvoir trafiquer le climat ou l’univers.4» Hélène Meisel 1 « Twenty six contemporary women artists », The Aldrich Museum of Contemporary Art, Ridgefield, Connecticut, 18 avril – 13 juin 1971, commissariat Lucy Lippard. Avec notamment : C. Kozlov, M. Miss, A. Piper, J. Winsor. 2 Le 22 avril 1970 a lieu la 1ère journée de la Terre, puis en juin 1972, la conférence de Stockholm inaugurant les sommets de la Terre à venir. 3 « Earthworks », Virginia Dwan Gallery, New York, 1969, commissariat Robert Smithson. Avec : C. Andre, H. Bayer, W. De Ma-ria, M. Heizer, S. Kaltenbach, S. LeWitt, R. Morris, C. Oldenburg, D. Oppenheim et R. Smithson. 4 « I have always had this megalomaniac fantasy that I could mess with the weather or the universe. », Alice Aycock dans Lucy Lippard, Six Years : The dematerialization of the art object from 1966 to 1972 […], Londres, Studio Vista, 1973. |
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