Construction
1985
Trétaux, contreplaqué, pastel gras noir
Dimensions variables
Acquisition: 1991
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Jacques Vieille réalise à ses débuts en 1970 des «environnements» dans la nature qui combinent différents processus de croissance et d’organisation. D’abord apparentées au Land Art, ses réflexions l’amèneront à interroger inlassablement les rapports entre sculpture et architecture, à élargir les domaines d’intervention et d’insertion de l’œuvre sculptée dans l’espace, à la confronter à sa dimension monumentale. «Dans mes travaux, je pose des questions fondamentales liées aux origines, à l’histoire et à la mémoire de l’architecture, cela reste de la sculpture.»
Construction présente deux immenses châteaux de cartes composés de parties assemblées et répétées qui appellent à l’équilibre infini et aspirent à s’élever : les tréteaux pour supporter et élever, les plaques pour reposer et couvrir. Attentif au développement modulaire et architectural des matériaux, Jacques Vieille puise chez Vitruve (Ier siècle avant J.C.) sa réflexion sur la structure de la ville et sur l’utilisation des matériaux qui, ajoutée à la sensibilité moderne, révèle, par effet de résonances et de contrastes, la qualité spatiale cachée du volume accueillant ces étranges «plates-formes».
À travers l’équilibre visible de la structure, sorte de charpente de la pensée rationnelle, ces formes à la fois imposantes et aérées émettent un rythme élémentaire, une musique sérielle. Attaché à utiliser des dérivés rudimentaires d’éléments naturels (tréteaux en bois, contreplaqué), à questionner les fondements architecturaux des classiques, du gothique et du Bauhaus, Vieille dessine de l’intérieur, à la manière d’un bâtisseur, des lieux dans l’espace et associe la signature graphique de l’artiste à l’idée du construit. Au creux du noir velouté du pastel gras qui recouvre les plaques, l’artiste inscrit l’identité de l’indéterminé qu’il confronte aux volumes simples de la structure et de l’architecture. Il travaille à l’aide de projets et de maquettes qu’il adapte à des sites afin de vérifier l’adéquation de l’élément avec la masse ouvragée et aboutir au maximum de résonances, d’échanges et de réponses au coeur de l’occupation sensible de l’espace.
Maïté Vissault
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