Sec, brut, une et deux refentes entières, collé avec entretoise, deux faces dressées
1974
Assemblage d'éléments en bois
Longueur : 200 cm ; largeur maximum : 8,5 cm
Actuellement en dépôt : Musée des beaux-arts, Nancy
Acquisition: 1984
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Apparu à la fin des années 1960 sur la scène artistique, Toni Grand a été identifié, à son corps défendant, au groupe de plasticiens français Supports/Surfaces. Si, pour le sculpteur qui proclame haut et fort sa volonté de «tourner le dos à l’Art», «l’œuvre est le lieu où doit se perdre la signification», la première chose qui frappe, dans l’œuvre en question, est la diversité de matériaux bruts qui, bien que soumis à des traitements particuliers, restent toujours identifiables. La démarche se donne pour empirique, sans concept ni préméditation. Tout au plus relèvera t-on dans les propos du plasticien, la volonté affichée d’échapper à toute rhétorique esthétique, à tout discours constitué. Le bricolage de Sec, brut, une et deux refentes entières, collé avec entretoise, deux faces dressées est représentatif d’une œuvre qui n’a rien de spectaculaire, ni de monumental. La sculpture ne s’inscrit pas dans un projet d’occupation de l’espace, car le contexte n’intéresse pas l’artiste. Sous sa fragilité apparente, il s’agit d’une pièce dense et mystérieuse, recélant l’énigme de son «être-là». Né en 1935, Toni Grand a pris le temps d’explorer les arcanes de la matière. Aux bois simplement sciés ont succédé, dans les années 1970, des montages plus complexes auxquels l’œuvre présente appartient, avant que l’artiste (dans les années 1980) n’en vienne à utiliser le plus invraisemblable des matériaux : de vrais poissons plongés dans le formol et conservés dans de la résine, qu’il assemble à sa fantaisie, produisant des œuvres d’une rare singularité.
Olivier Goetz
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