Joachim Bonnemaison

Né en 1943 à Montluçon (FR)
Vit et travaille à Paris (FR)

Kerpont enes, ciel d'argent I

1986
Photographies couleur, tirages cibachromes
82,5 x 107,5 cm
Acquisition: 1990

Joachim Bonnemaison s’est intéressé à la photographie dans le cadre de son travail au sein d’un bureau d’études en urbanisme. Il entreprend alors des recherches scientifiques pour améliorer l’angle de prise de vue des appareils panoramiques qu’il parvient à pousser jusqu’à 560° et met au point un appareil spécifique. Cette découverte a rendu possible à ses yeux le périlleux exercice qu’est la photographie de paysage, à laquelle il se consacre désormais.
«L’espace est enregistré au fur et à mesure sur un cylindre et non plus sur un plan.»¹ Ainsi, la photographie ne fixe plus uniquement un espace mais aussi un moment. Le panoramique, par sa forme, son extension et sa capacité à assembler différents points de vue en une image continue, évoque la pratique de la fresque. Cependant, Bonnemaison y ajoute une notion de temps en présentant ses images sous forme de triptyque : trois exemplaires d’une même photographie prise à des moments différents, lorsque la lumière et l’ensoleillement changent. De cette manière, il témoigne de l’écoulement d’une journée et imprime sur la pellicule ses mutations.
Son travail est une véritable analyse du paysage, une composition scientifique de lignes, de courbes pour atteindre l’harmonie à travers les contrastes et la complémentarité des formes. Dans Kerpont enes, ciel d’argent 1 l’envers et l’endroit sont mêlés, dérangeant la perception du spectateur. Cette composition rappelle le procédé de la perspective courbe mais poussée à son comble : l’image s’enroule autour d’un point, le soleil. La technique utilisée par Bonnemaison autorise un regard plus ample sur le paysage et permet d’appréhender la liberté offerte par l’espace naturel, faisant de ces photographies riches en éléments et en couleurs, sans trace d’urbanisme, un véritable hommage à la nature.

^{Anne Langlois}

¹ J. Bonnemaison in «Construire les paysages de la photographie», Metz pour la photographie, 1984.