Né en 1940 à Bolzano (IT)
Vit et travaille à Fiesole (IT)
1971
Installation performative, bandes de papier, grillage métallique, ruban adhésif
Dimensions variables
Acquisition: 2011
Gianni Pettena est artiste et théoricien de l’art. Il a enseigné en Italie, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il a étudié l’architecture à Florence, où il est l’un des principaux représentants de l’architecture radicale, mouvement italien né en 1965 et qui se développe jusqu’en 1975 en essaimant dans toute l’Europe. Animé par une volonté de repenser l’architecture en accord avec la société, et trouvant dans l’expérimentation artistique un moyen d’élaboration plus libre que ne le permet la perspective fonctionnaliste généralement admise, ce courant contestataire explore la porosité des frontières entre art, architecture et société. Réfutant la bipartition qui oppose gratuité de l’art et fonctionnalité de l’architecture, il perçoit dans ces deux domaines une même interrogation sur l’espace communautaire.
Paper est une installation que Gianni Pettena crée pour la première fois en 1971, à l’occasion d’une conférence dans une université américaine. Faisant un pied de nez au contexte institutionnel, Pettena remplit la salle de bandes de papier que le public doit découper pour se faire une place. Il substitue ainsi à la passivité habituelle d’un public installé dans un rapport distancié avec le discours artistique une expérimentation collective et de plain-pied avec l’œuvre. L’art devient parcours, épreuve de l’espace et engagement du corps dans un environnement tangible. Cette interaction entre public et œuvre remettant en cause le caractère figé et institutionnel de l’art n’est pas sans rappeler la démarche de plusieurs mouvances artistiques contemporaines, et tout particulièrement celle de l’Internationale situationniste.
Le minimalisme des matériaux, mis en valeur par le titre Paper, et la configuration mouvante de l’œuvre, qu’infléchit le processus de découpe, s’affranchissent de la forme architectonique traditionnellement assignée à la construction.
Opposant au déterminisme d’une structure fixe, massive et imposée, le libre parcours de l’individu cette installation souple et légère offre une potentialité infinie de labyrinthes personnels, activés selon le cheminement du public qui l’investit. Interrogation sur notre manière d’habiter l’espace et évocation de l’enjeu des réseaux collectifs se rejoignent ici dans une forme élémentaire/
Alice Pfister
Notice rédigée pour le catalogue de l’exposition Erre, variations labyrinthiques présentée au Centre Pompidou-Metz de septembre 2011 à mars 2012
© Éditions du Centre Pompidou-Metz, 2011