Né en 1937 à Orange, New Jersey (US)
Vit et travaille à Astoria, Oregon (US)
1976
Photographie noir et blanc, tirage argentique
38,5 x 38 cm
Acquisition: 1990
Robert Adams photographie des paradis perdus, des sites naturels étouffés par le développement urbain, des espaces en proie à la disparition. Ecologiste en ce sens, son regard n’est cependant constitué d’aucune sentence, il est plutôt en quête d’une rédemption cherchant dans le constat photographique à révéler le potentiel de beauté idéale existant dans le paysage. Il prend acte des dommages causés à l’environnement – sorte de constat rigoureux et irréductible de l’état des choses – qu’il détache des contingences historiques en les inscrivant dans une tentative de dépassement de la trivialité : «Je crois que les bonnes images sont des métaphores d’une réalité intemporelle. Elles sont produites à partir d’un ici et d’un maintenant, mais elles visent au-delà.»1
De composition classique, ses photographies construisent par la lumière et le cadrage une unité formelle au sein de l’image soutenue par une approche sensible du sujet. Adams propose ainsi une interprétation mélancolique du mythe de la conquête de l’Ouest sans pour autant perpétuer la vision grandiloquente des photographes de paysages américains du début du siècle. Attentif à la présence de l’homme, à une iconographie du commun et au sublime du paysage, Adams s’inscrit dans la tradition de la photographie topographique américaine. Mais cette «nouvelle» approche, révélée en 1975 à Rochester par une exposition réunissant neuf photographes dont Adams et les Becher et significativement intitulée
New Topographics, évince de l’image tout discours sociologique ou documentaire pour saisir la nature objective des choses grâce à une démarche pensée préalablement et une attention particulière aux propriétés techniques du médium.
La photographie claire et précise permet de révéler la cohérence cachée de la nature devenue pauvre et déchue à la lisière des villes (série Los Angeles Spring_), ombre d’elle-même, fantomatique, presque irréelle comme la banlieue qui l’envahit (_Summer Nights). Adams l’utilise pour penser cette frontière mouvante – métaphore mythique du rêve américain – qui est propension et limite inscrite dans l’espace et le temps du paysage.
Maïté Vissault
1 Entretien avec Michael Köhler, in Camera Austria, n° 9,
1984, pp. 2-6.