Né en 1936 à Malden, Washington (US)
Vit et travaille à New York (US)
1971
Feutres, toiles, carton, châssis
284 x 256 x 15 cm
Actuellement en dépôt : Musée des beaux-arts, Nancy
Acquisition: 1984
Frank Stella se distingue par une pratique autoréflexive qui envisage l’art comme un ensemble de problèmes à résoudre. L’artiste aborde cette critique interne par séries successives. Après avoir imposé dans les années 1960 une nouvelle forme d’abstraction noire et rigoureuse, il expérimente les rapports entre couleurs et formes géométriques. L’aboutissement de ces œuvres n’est dès lors plus la contemplation, mais la saisie instantanée, le choc du regard. Stella passe de l’ascétisme abstrait au motif décoratif. Toutefois, le formalisme apparent de ses toiles n’exclut pas un engagement moral profond et une réflexion sur la pratique artistique. Ainsi, la série polonaise entreprise dès 1970 se réfère aux synagogues du XVIIIe siècle détruites par les Nazis. Stella retrouve dans ces édifices religieux les emboîtements caractéristiques de ses propres œuvres. Il ressent également la ténacité avec laquelle ces bâtiments ont été inlassablement reconstruits à travers les siècles et la relie à son état d’esprit du moment. La série polonaise est moins systématique et symétrique. L’artiste abandonne la toile et la planéité pour adopter le bois et le relief. Ses «peintures construites» comme Konskie II, Polish Village (1971) semblent tenir en équilibre sur un coin. Cette série se rapproche esthétiquement et moralement du constructivisme russe, avec lequel elle partage les idéaux de la lutte de l’opprimé et de la victoire de la liberté.
Sophie Richard