Né en 1934 à Paris (FR)
Vit et travaille à Cachan (FR)
1976
Acrylique sur toile
92 x 65 cm
Acquisition: 1984
Jacques Monory est un représentant de la Figuration narrative, cette école inventée, dès 1964, par la critique, en écho au Pop Art américain. Cependant, l’œuvre de Monory fait preuve d’une complexité qui a su inspirer des commentaires savants à de grands intellectuels. L’artiste dit lui-même qu’il a tendance à voir la vie de façon dramatique. Il règne, dans toute son œuvre, la tension d’une «actualité» (crimes, attentats…) à peine amplifiée. Paradoxalement, ces visions éclatées n’excluent pas une certaine tendresse. Monory est d’abord peintre, et sa peinture, dit-il, contrairement à celle de ses contemporains, «n’est pas sèche». Si la palette se réduit, le plus souvent, à un bleu qui est devenu sa marque de fabrique, on chercherait en vain, chez lui, la radicalité conceptuelle d’un Yves Klein. L’artiste est trop attaché à des fables dans le vif desquelles il tranche de façon énigmatique, comme s’il isolait un photogramme d’un film de fiction.
Tableau à vendre n° 4 se divise en deux parties ; en bas, des mains entrelacées, en haut, un écran rectangulaire vu en perspective. Cette construction n’est pas un simple collage ; elle figure un espace réel, une salle de projection peut-être, qui rend vraisemblable la mise en abyme d’une image dans l’image, un vaste paysage (une chute d’eau) traité de manière quelque peu stylisée. Au premier plan, deux mains de femme aux ongles soignés caressent la main d’une autre femme. À partir de là, toutes les extrapolations sont possibles ; la narration, chez Monory, constitue une machine fantasmatique ouverte.
Olivier Goetz