Né en 1925 à Normal, Illinois (US)
Décédé en 1972 à Lexington, Kentucky (US)
1970
Photographie noir et blanc, tirage argentique
18,5 x 18,5 cm
Acquisition: 1987
Les onze photographies de la collection ont été prises par Ralph Eugene Meatyard de 1960 jusqu’en 1971, un an avant sa disparition, à l’âge de 46 ans. Mais la teneur des images de cet américain autodidacte et provincial, se passe de dates, de titres ou de commentaires. Meatyard a mené, dans la petite ville de Lexington où il exerçait la profession d’opticien, une existence familiale, paisible et anodine. Malgré cette discrétion affichée, il fait preuve d’une ambition artistique remarquable. Son inspiration recèle de troublants stratagèmes qui semblent contrarier et transcender une technique qu’il maîtrise à la perfection. Cultivé et sauvage, son approche photographique révèle les étranges facettes d’une Amérique profonde (Meatyard était amateur de jazz et de blues, à l’instar des écrivains de la beat-generation dont il se sentait proche). L’œuvre n’a pas réellement de valeur documentaire, elle est purement contemplative et fictive. Fasciné par le mysticisme d’un Thomas Merton (dont il a été l’ami), Meatyard pratique une photographie méditative, en noir et blanc, qu’il applique à des brindilles, des feuillages, les ruines de maisons abandonnées pleines d’ombres et de reflets… Lorsque des personnages (parents ou amis) s’introduisent dans le cadre, ils apparaissent déformés par le mouvement ou défigurés par des masques grotesques d’Halloween. Ils prennent l’apparence de fantômes inquiétants que la pellicule sensible a elle seule pouvoir de capter. Les magnifiques tirages qu’il obtient lui-même possèdent alors la densité des peintures d’un Balthus ou d’un Magritte qu’il admirait.
Olivier Goetz