Né en 1940 à Berlin (DE)
Vit et travaille à Ivry-sur-Seine (FR)
1982-1983
Photographies noir et blanc, tirages argentiques,
textes dactylographiés
125 x 260 cm
Acquisition: 1985
Alors qu’il suit des études de littérature anglaise puis allemande, de sinologie et d’archéologie à Cologne, Jochen Gerz décide soudain d’être poète ou artiste, de préférence en France. Dès 1968, il débute un travail fortement placé sous l’influence du langage. Rapidement, ses vidéos, performances et installations vont interroger la tension qui peut exister entre une image, des mots et leurs significations réciproques. La béance que chacun de ses travaux ouvre est complétée par la subjectivité d’un spectateur perdu face à ces blocs de signification dont le montage reste ouvert. «Face à mes réalisations, le désir de compréhension, de reconnaissance reste sans suite», déclare t-il alors. On retrouve ce même principe dans De l’art (1982-1983). La pièce se compose d’une séquence de photographies de paysages très contrastées cernant un simple texte. Comme souvent chez Gerz, l’œuvre s’offre comme un montage, montage d’éléments disparates répartis en séquences et dont la lecture aléatoire implique plusieurs significations simultanées. Le texte présente un dialogue, dont les protagonistes ne sont pas désignés. Leurs sentences neutres, dépourvues de la moindre charge sentimentale, ne se répondent pas. Elles avancent quelques constats sur la nature de l’art, sur l’homme et la façon dont il se construit. Ces phrases ne sont donc pas des illustrations des images mais des contrepoints qui à la fois nient et redoublent ce que suggèrent les images : à savoir que l’art reste avant tout au service du mystère d’un monde qui refuse obstinément de se livrer à notre compréhension.
Damien Sausset