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Michel Gérard

Né en 1938 à Paris (FR)
Vit et travaille à New York (US)


Entaille nouée

1983
Acier forgé, patine de bronze
Dimensions variables
Actuellement en dépôt : Musée départemental d'art ancien et contemporain, Epinal
Acquisition: 1984


Michel Gérard fait partie des rares artistes français à être véritablement «reçus» aux États-Unis, où il vit depuis 1989. Sa sculpture s’attaque à divers matériaux, des plus résistants (acier) aux plus fragiles et malléables (pâte à papier, mousse). La force déployée dans ses œuvres monumentales est, proprement, herculéenne. À son propos, on a pu évoquer l’Arte povera, et prononcer le mot d’Antiforme. C’est que son œuvre échappe à la rhétorique de l’objet, se jouant des matières pour introduire dans la perception une émotion qui sollicite la complicité intellectuelle du regardeur.

La sculpture intitulée “Entaille nouée” (1983) est caractéristique du travail accompli par Michel Gérard sur la mémoire du sol et l’histoire de l’industrie comme objet quasi-archéologique, même si, comme il le dit, «quand tu es là-dedans, ce n’est plus un mythe, ni une histoire, ni une théorie», «la forge est brûlure des images (comme le désert)». L’œuvre est composée de trois éléments en acier forgé qui reposent directement sur le sol, sans socle, ou comme si le socle devenait lui-même l’œuvre, dans le prolongement de la problématique introduite dans l’histoire de la sculpture moderne par Rodin lui-même, auquel il n’est pas indécent de comparer Michel Gérard… Sa préoccupation de placer les sculptures dans un contexte naturel autorise un parallèle avec les artistes du Land Art. Michel Gérard a exprimé ce fantasme «d’insérer des coins d’acier dans une fracture volcanique de la croûte terrestre». Entaille nouée, dans sa «brutalité» peut se voir comme une «remontée du magma de l’intérieur de la terre».

Olivier Goetz