Née en 1941 à Gand (BE)
Vit et travaille à Gand (BE)
1975
Vidéo, noir et blanc, non sonore
Durée : 17'30"
Acquisition: 2003
Cette collection de films vidéo restaurés et réédités par Argos à Bruxelles compile les premiers travaux de l’artiste Belge Lili Dujourie, une œuvre principalement développée par la suite sous forme de collages et sculptures. Entre 1970 et 1980, son rapport au nouveau médium vidéo établit les conditions d’une pratique plus qu’une forme. L’artiste expérimente diverses modalités d’enregistrement direct, sans coupes, de scènes où elle s’expose longuement dans des cadrages simples, apparemment sans style. Si la présence de ce corps en lent mouvement renvoie à certaines pratiques chorégraphiques ou performatives, c’est davantage d’une tradition d’un cinéma de la captation en temps réel que semble relever l’ensemble. Soit : utiliser la vidéo comme instrument objectif et neutre de mesure du temps et de l’espace, dans la lignée d’un Andy Warhol ou d’un Bruce Nauman. Vidéo. Surveillance. Mais ces temps de pose parfois se figent et se cristallisent de manière fugace en compositions picturales romantiques (dans Sonnet et Passion de l’été pour l’hiver particulièrement), voire en certaines icônes de la modernité ( L’Origine du monde de Courbet, dans Hommage à…). Cette indifférence de l’exhibition, apathique et impudique, alliée à une aseptisation et un dépouillement du cadre, renvoie finalement le spectateur à la responsabilité de son propre regard, entre fascination pour l’instant suspendu et voyeurisme désabusé.
^Guillaume Désanges^