Né en 1949 à Bangor (GB)
Vit et travaille à Londres (GB) et Paris (FR)
1991
Lamelé-collé en pin, recouvert de plexiglas
48 x 335 x 171 cm
Actuellement en dépôt : Musée départemental d'art ancien et contemporain, Epinal
Acquisition: 1992
Formes lisses et souples sur lesquelles le regard glisse, les sculptures de Richard Deacon prennent des formes, des dimensions et des modes de présentation fort divers. Classiques au plein sens du terme, bien que les matériaux utilisés soient très étrangers à une esthétique académique, les sculptures de Deacon exploitent toutes les richesses de couleurs et d’effets de ces matériaux choisis : acier et fer galvanisé, zinc, bois poli, isorel laminé, linoléum…
Border (Lange) est une pièce compacte à la forme épurée et ronde, en bois polis recouvert d’une épaisse chape en plastique transparent. Excluant les angles au profit des courbes, la masse au profit de la ligne, Border repose au sol et redessine par son ampleur et son développement l’espace environnant.
En utilisant les techniques du morcellement et de l’assemblage, et non celles de l’évidement du bloc, Deacon détourne les matériaux de leurs propriétés naturelles pour les modeler. De plus l’artiste laisse volontairement visible les traces de cet assemblage (boulons, colle…), comme s’il souhaitait laisser apparente la trace de l’homme en tant qu’auteur et destinataire de l’œuvre. Les titres de ses pièces confirment d’ailleurs cette analyse : Art for other people, Other Homes, Other Lives…
Non précisément identifiables, ses sculptures évoquent cependant des organes de perception ; aussi l’espace d’exposition est-il conçu comme un lieu «d’audience» ou se crée un contact avec le spectateur : les pleins donnent aux vides une forme, dans laquelle l’homme peut s’inscrire. L’épanouissement, le déploiement dans l’espace préoccupe Deacon tout comme la musique et la danse. L’indétermination des formes rend possibles et surtout réussies les passerelles entre les arts (chorégraphies avec Lucy Bethune en 1987 et Hervé Robbe en 1993).
Singulières parce qu’évidentes dans leur détermination structurelle, et ambiguës dans l’analyse anthropomorphique de l’ensemble, les œuvres de Deacon ne renvoient en fait qu’à elles-mêmes et à leur matérialité sensuelle.
Anne Langlois